La moule zébrée a fait son apparition récemment sur les berges du lac Winnipeg. L’arrivée de cette espèce invasive au Manitoba inquiète les scientifiques puisqu’elle est tenue responsable de destruction importante de flore dans les Grands Lacs ainsi que dans le fleuve Saint-Laurent depuis son apparition il y a 30 ans.
Les scientifiques appréhendaient depuis longtemps l’arrivée de cette espèce au Manitoba, car elle avait déjà été repérée au Dakota du Nord et au Minnesota il y a quelques années.
« Elles s’accrochent partout, jusque dans les filets et sur les ancres », observe Éric Goodman, un habitant de Gimli qui pêche depuis 50 ans dans le lac Winnipeg.
Comme lui, la communauté des pêcheurs de Gimli, où les premiers spécimens de moule zébrée ont été repérés, se dit inquiète pour l’avenir de la profession.
Selon Loreen Januz, biologiste et porte-parole du ministère de la conservation, la moule zébrée se serait frayé un chemin jusque dans les eaux de la province par la Rivière Rouge, en amont du lac Winnipeg.
Si la province estime qu’il est trop tôt pour connaître les dégâts qu’une telle invasion peut provoquer sur la faune et la flore manitobaine, elle est en revanche consciente des dégâts occasionnés par la moule zébrée ailleurs.
« Nous savons que sa présence a provoqué des changements majeurs dans la chaîne alimentaire, ce qui peut à terme affecter les réserves de poisson », indique Loreen Januz.
Un biologiste à l’Université de Saint-Boniface estime en revanche qu’il est trop tard pour agir.
« La coquille est composée de calcium, or le fond du lac est constitué de calcaire ce qui offre un bassin parfait pour la croissance de ces moules », estime Fernand Saurette.
Changements drastiques parmi les espèces locales
Le directeur du réseau canadien sur les espèces aquatiques invasives, Hugh MacIsaac, prévoit des changements drastiques parmi les espèces locales, mais aussi au niveau de la clarté de l’eau. Les moules zébrées filtrent en effet les sédiments avant de les déposer dans le lit du lac.
En revanche il prévient que la présence de ces moules n’aura aucune incidence sur l’invasion des algues bleu-vert que connaît déjà le lac Winnipeg.
« Même si les moules zébrées filtrent certaines algues, elles sont difficiles et ne se nourrissent pas de celles qui ne sont pas à son goût », souligne-t-il.
En attendant de constater les premiers dégâts, la province a déployé des équipes pour procéder à des échantillons le long des cours d’eau et demande aux riverains de surveiller leur berge.
Afin de limiter le risque de propagation, la province conseille également aux pêcheurs et plaisanciers de nettoyer leurs moteurs et de se rejeter leurs appâts vivants loin des cours d’eau